Hello, j’espère que tu prends du bon temps en famille pour les fêtes 🎄
Plutôt qu’un article, j’aime terminer chaque année avec un bilan de ce que j’ai appris, notamment de mes lectures.
Si tu as encore des cadeaux de noël à faire, ou envie d’une année 2022 intellectuellement fructueuse, je te partage mes meilleures lectures et ce que j’en ai tiré 👇
The Changing World Order
Ray Dalio
Ray Dalio était dans mon top de l’an dernier avec son ouvrage “Principles”, et y retourne cette année avec une magistrale analyse macroéconomique des cycles de création et de déclin des empires, en remontant plus de 1500 ans dans l’histoire. Le fondateur du fonds Bridgewater, pour qui tout est une mécanique avec une entrée, une transformation, et une sortie, est dans une position unique pour délivrer sa manière de voir le monde et ses prédictions pour notre futur proche - que j’aborderai dans un prochain article 😉
En un mot : Pour comprendre notre monde, il faut remonter suffisamment dans le temps pour analyser des cycles qui dépassent la durée d’une vie humaine. La création de chaque empire dominant depuis 15 siècles obéit aux mêmes règles - un mélange de nature humaine et de sujets macroéconomiques et géopolitiques - et suit les mêmes étapes de sa naissance à son déclin en passant par la culmination. Les USA sont en train de laisser place à la Chine, et pour mieux appréhender ce virage, il faut analyser ce qui a fonctionné auparavant.
Antifragile
Nassim Taleb
Faut-il présenter Nassim Taleb et ses frasques ? Ce trader a popularisé le concept du Black Swan, ces évènements qui arrivent si rarement qu’on les imagine impossibles - il affirme aujourd’hui n’avoir jamais fait davantage de profits que depuis le Covid, exemplification de sa théorie en action.
Antifragile est à mon goût son meilleur bouquin, acerbe et provocateur, qui décrit à merveille sa philosophie de vie rustique et efficace pour mieux penser les systèmes auxquels on participe, de l’hyperlocal à la société toute entière.
En un mot : Un système Antifragile est un système qui, quand soumis à des contraintes, se renforce plutôt que se dégrade. Notre objectif individuel et commun devrait être d’aspirer à créer de tels systèmes. Pour Taleb, plus les décisionnaires sont déconnectés des conséquences de leurs actions, plus le système qu’ils administrent sera fragile. Car sans “Skin in the game” les responsables d’erreurs sont insuffisamment punis - par exemple, dans le cas des politiciens qui subissent rarement les conséquences directes de leurs décisions.
Range : why generalists triumph in a specialized world
David Epstein
Faut-il être spécialiste ou généraliste ? Ce bouquin, sur lequel je me suis largement appuyé pour mon article “Y a-t-il un prodige dans chacun d’entre nous ?” postule que si les deux sont indispensables au fonctionnement d’une société, les généralistes qui se spécialisent ont parfois un avantage, car ils peuvent voir plus facilement la big picture. Epstein s’appuie sur de nombreux exemples de personnalités et d’études pour illustrer son propos.
En un mot : certaines disciplines requièrent une spécialisation forte, mais la plupart sont suffisamment complexes pour qu’un oeil neuf y apporte une vraie valeur. S’il est préférable de se spécialiser à un moment, une spécialisation tardive après une longue exploration est en général plutôt profitable sur le long terme, en attestent de nombreuses figures historiques. Elle permet également de réduire les probabilités d’effectuer des changements de carrière désespérés, ce à quoi les spécialistes sont plus exposés.
Creativity inc.
Ed Catmull
Au début des années 1970, Ed Catmull, ingénieur des premières heures de l’informatique passionné par l’animation, se fait recaler par Disney en entretien d’embauche. Alors il décide de s’y coller lui-même et crée Pixar. Vu de l’extérieur, le studio, dont Steve Jobs a été un pilier, est un succès retentissant. Mais il est passé cent fois proche de la faillite, un récit que Catmull délivre en expliquant son plus gros défi : créer un business à succès sans sacrifier la créativité.
En un mot : le business et la créativité sont souvent deux domaines très différents. Pour Pixar, le défi était de créer une culture de la créativité forte tout en gardant de grandes ambitions. Avec un mélange d’innovation, de prise de risque, et de management à contre-courant des méthodes “classiques”, Catmull a réussi à surpasser Disney, son rêve de gosse. Au passage, si Toy Story avait été un flop, Pixar aurait coulé et emmené dans sa tombe plus de $50m prêtés par un Steve Jobs au début de son ascension, ce qui aurait probablement eu un sérieux impact sur Apple…
Big Magic
Elizabeth Gilbert
Elizabeth Gilbert, à qui l’on doit le best seller “Eat Pray Love”, propose dans cet ouvrage (que j’ai abordé dans l’article sur le Syndrome de l’imposteur) sa vision de la créativité. À contre-courant du mélodrame de l’écrivain maudit, elle y raconte sa vision toujours pragmatique et optimiste de ce métier, et encourage chacun à creuser davantage sa fibre artistique.
En un mot : il est tout à fait possible de marier une vie créative à une vie productive, si l’on décide de s’affranchir des barrières que l’on s’impose à soi même. La créativité peut prendre diverses formes, et il est possible d’être créatif sans ambitions démesurées de succès. La créativité sous toutes ses formes ne doit pas nécessairement être une torture, elle peut n’être qu’un plaisir, seul ou partagé.
Bonnes fêtes, prends soin de toi et à très vite 😉