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Le pitch est un exercice difficile. Lors de la création d’un support, les entrepreneurs rechignent souvent à supprimer des longueurs ou à raccourcir des phrases, car il faut tout expliquer, tout préciser, tout montrer. On a mis tellement de cœur dans ce projet qu’il faut le transmettre cet effort - pas vrai ?
D’ailleurs, comment mon interlocuteur pourra-t-il saisir la taille de l’opportunité si je ne suis pas exhaustif, si je ne lui envoie pas des tartines de rêve avec un design ultra-stylé ? Hein, comment ?
Comme ça 👇
En moins de 4 minutes, le fondateur de Snapchat, Evan Spiegel, nous transmet avec force, et en détente, les points suivants :
Le paradigme évolue grâce au progrès technologique : dorénavant nous communiquons avec des photos.
Il faut créer un outil pour s’adapter à ces changements
Le problème est incontestable : il suffit d’observer les ados
Le problème est universel : billion-dollar opportunity
La solution est basique : 3 écrans. photographier -> communiquer -> regarder
Résultat quelques années plus tard :
Alors, quelles leçons tirer de cet exercice ?
Le support ne fait pas le pitch
“Ma présentation n’est pas prête, je dois d’abord la faire passer par un UI designer et un copywriter avant de pouvoir la présenter”. Ah bon ?
Le support d’Evan est un simple cahier, avec :
6 feuilles, dont
3 avec du texte et moins de 10 mots
3 avec des dessins griffonnés
Le support lui a pris tout au plus quelques minutes à mettre au point. Le summum du minimalisme. Ce qui a été long et complexe, c’est de développer un esprit suffisamment ouvert et aiguisé pour constater un changement de paradigme, imaginer une solution aussi simple que Snapchat, et la mettre en oeuvre.
Plus ton support est complexe, plus la quantité de travail à fournir (relecture, tournures de phrases, visuels) sera élevée. La meilleure astuce, si tu veux éviter de te perdre, c’est d’aller droit au but. Expliquer le produit comme tu l’expliquerais à ta grand mère.
Passe 20% de ton temps à étaler tout ce que tu veux raconter et 80% à découper le gras jusqu’à ce qu’il ne reste que l’essence de ton propos. Quelques mots, 1 ou 2 visuels par slide, et une promesse aussi forte que ton ambition.
C’est quoi que tu essaies de faire ? Pourquoi ? Comment ?
Simplicity is the ultimate sophistication. Leonardo Da Vinci
Le jargon, c’est pas nécessaire
Dans le pitch d’Evan Spiegel, pas de machine learning, 'd’IA, de blockchain ou même de termes spécifiques à l’écosystème startup. Un enfant de 6 ans pourrait comprendre cette vidéo de bout en bout, et casserait probablement sa tirelire pour investir.
Une étude américaine a d’ailleurs démontré que le jargon était beaucoup moins utilisé par les chercheurs issus des universités prestigieuses que ceux venant des moins réputées. L’excès de jargon serait-il symptomatique d’un complexe infériorité ?
En attendant, fais simple. Exprime-toi avec un vocabulaire compris de tous, articule, formule des phrases courtes et avec des pauses pour garder ton interlocuteur suspendu à tes lèvres.
If you can’t explain it simply, you don’t understand it well enough. Albert Einstein
Va droit au but
Je suis obsédé par la synthèse, pour une raison très simple : notre temps vaut de l’or. C’est pour cela que j‘essaie de rendre ces articles intéressants, pour ménager ton temps. C’est aussi pour ça que j’apprécie que tu les lises 😉
Tu as probablement regardé toute la vidéo quand tu as vu sa durée - si ça avait été un pitch de 30 minutes, tu n’aurais pas pris le temps de le regarder en entier.
C’est un point crucial. Plus la personne est importante à convaincre, plus elle a tendance à être occupée - et plus elle appréciera un format court. Un email de quelques lignes, une vidéo d’une minute, un schéma synthétique... D’autres exemples pour convaincre en moins d’1 minute :
Un screenshot d’un client extatique
Deux slides de présentation
3 chiffres vraiment impactants
Je n’ai fait celle-ci plus longue que parce que je n’ai pas eu le loisir de la faire plus courte. Blaise Pascal
Un dernier mot
J’aimerais renforcer le lien avec les lecteurs. Aussi, s’il y a des sujets que tu voudrais que je traite, ou du contenu que tu voudrais challenger, n’hésite pas à me contacter en répondant à cet email. Cela pourrait me mener à expérimenter de nouveaux formats.