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Le 27 Octobre 2008 était le dernier jour pour les candidatures à la prochaine promotion du YCombinator, l’accélérateur de startups légendaire de la Silicon Valley.
À minuit trente le 28 Octobre, le directeur de YC Paul Graham reçoit l’email suivant de la part de Justin Kan, fondateur de Twitch.tv :
“Salut PG,
La fenêtre pour candidater à la prochaine promo est elle 100% fermée ? Nous aidons depuis quelques mois une startup qui serait un bon candidat : Airbed and Breakfast. C’est une sorte de couchsurfing.com pour de l’argent, où les utilisateurs peuvent louer des pièces chez eux aux voyageurs. Ils ont loupé la deadline, mais on y croit dur comme fer. Tu pourrais jeter un coup d’oeil ?”
Dix-sept minutes plus tard, Paul Graham leur répond en accordant au co-fondateur de cette jeune pousse, Brian Chesky, quelques heures de plus pour postuler.
12 ans après cet évènement, lors de l’entrée en bourse d’AirBnB, les 20 000€ investis par YCombinator en 2008 ont une valeur estimée à plus d’1 milliard d’euros.
Si Paul Graham était parti se coucher 10 minutes plus tôt, AirBnB n’aurait jamais existé. 🤯
Une histoire de céréales
Revenons à San Francisco, en 2007. Joe Gebbia et Brian Chesky sont fauchés, en recherche d’emploi. Un congrès dans la ville a saturé tous les hôtels, et une idée leur vient : ils achètent quelques matelas gonflables, les installent chez eux, (AirBeds) et créent un site à la hâte pour les louer - sans oublier d’offrir le Breakfast. C’est un succès. Mais l’espoir retombe vite après l’évènement. La mayonnaise ne prend pas. AirBnB vit une traversée du désert de plus d’un an, sans croissance.
En 2008, les fondateurs décident de lancer une ligne de boites de céréales à l’occasion de l’élection présidentielle américaine, à l’effigie des deux candidats. Les plusieurs dizaines de milliers d’euros de ventes engendrées leur permettent d’autofinancer leur startup pendant plusieurs mois supplémentaires, jusqu’à la fin de l’année. Mais toujours sans traction, ils s’apprêtent à abandonner.
C’est là que leur mentor et ami Justin Kan les persuade de postuler à YCombinator, projetant la startup dans une nouvelle ère.
Le diable de Tasmanie
Dans un article récent du blog de YCombinator, Paul Graham relate son ressenti à l’époque :
“On n’aimait même pas l’idée tant que ça et ils n’avaient pas de croissance. Mais on avait surnommé Brian le diable de Tasmanie, tant il était une tornade d’énergie. Quand tu parlais à l’équipe, ils prenaient des notes. Si tu leur suggérais une idée, ils l’avaient implémentée ainsi que deux idées supplémentaires avant le prochain meeting. Ils avaient probablement la meilleure attitude de toutes les startups que nous avons accompagnées.”
Dans un échange de mails devenu célèbre, Paul essaie de convaincre l’investisseur Fred Wilson - le “dernier VC de banlieue qui pratique toujours le golf”- de financer la startup. Après l’introduction dithyrambique du directeur de YC, Fred accepte de rencontrer les fondateurs, mais reste sceptique :
“Leur business est intéressant, mais je doute qu’il puisse être massif. Je ne pense pas qu’ils puissent s’attaquer au marché des hôtels. Je pourrais me tromper.”
Voix off : Il s’est trompé.
Heureusement, il en faut plus pour décourager le diable de Tasmanie. À cette époque, l’équipe est repartie à New York, convaincue que le marché y est plus propice. Ils réalisent que le manque d’attractivité des photos est souvent ce qui pêche pour les clients potentiels, alors ils achètent un appareil photo et vont d’appartement en appartement pour prendre des clichés professionnels chez les hôtes de la plateforme.
Il faut savoir que pour pousser ses startups à l’excellence, YCombinator leur impose une croissance de 7% par semaine.
Voici l’email de Brian à Paul, quelques semaines après leur arrivée à Big Apple, présentant une croissance de 80% par semaine :
Voix off : Ils n’ont pas ralenti.
Morale de l’histoire…
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L’attitude et la résilience sont souvent plus importantes que les compétences