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Notre systÚme électoral est-il améliorable ? L'exemple du jugement majoritaire

Laodis
Mar 29, 2022
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La maniĂšre dont ont Ă©tĂ© classĂ©s les candidats lors de la primaire populaire de la gauche en janvier n’a pas manquĂ© d’amuser internet : chacun avait reçu une mention, comme les Ă©tudiants : trĂšs bien, bien, passable, etc.

Si le choix sémantique est cocasse pour un enjeu politique, la maniÚre dont a été réalisé ce vote est néanmoins intéressante.

Car si le gros de l’énergie en politique est consacrĂ© Ă  juger les candidats, on oublie trop souvent de juger les systĂšmes. Et celui qui a Ă©tĂ© proposĂ© lors de la primaire populaire a le mĂ©rite d’exister. 

Un systĂšme dĂ©mocratique idĂ©al, d’aprĂšs-moi, doit avoir deux composantes clĂ©s : rĂ©compenser les candidats les plus populaires, mais aussi et surtout, leur permettre d’émerger plus facilement dans l’arĂšne politique.

Le problĂšme

Nous avons la chance de vivre en dĂ©mocratie, mais notre systĂšme de scrutin est imparfait. Il n’y a mĂȘme pas besoin de l’analyser pour le voir : l’existence des principes de vote utile et de vote protestataire en sont le tĂ©moignage.

L’un consiste Ă  voter pour un candidat qui nous dĂ©plaĂźt pour Ă©viter pire alternative, et l’autre consiste Ă  voter contre un candidat qui nous dĂ©plaĂźt, peu importe l’alternative.

Ces mécanismes sont dysfonctionnels, mais leur raison est simple : plus une famille politique est fragmentée en petit candidats, plus ceux-ci se partagent un électorat aux idées proches.

En dĂ©coule la possibilitĂ© qu’une famille politique ne soit pas reprĂ©sentĂ©e au second tour alors qu’elle aurait probablement gagnĂ© si elle y Ă©tait parvenue, Ă  l’instar de Jospin en 2002.

Pour 2022 et comme souvent, le thĂšme est donc Ă  l’union : union des gauches, union des droites, des RĂ©publicains, etc.

Mais pourrait-il exister de meilleurs systĂšmes dĂ©mocratiques, pour s’épargner les votes de dĂ©pit ?

Plusieurs modĂšles existent dans le monde, chacun imparfait : certains oĂč l’on choisit plusieurs candidats mais on ne peut pas dire Ă  quel point on les apprĂ©cie ; d’autres oĂč l’on classe les candidats par prĂ©fĂ©rence pour faire des tours virtuels, mais qui mĂšne Ă  des situations paradoxales oĂč le candidat favori est aussi Ă©liminĂ© au premier tour.

Deux chercheurs français, Balinski et Laraki, se sont penchĂ©s sur la question et ont proposĂ© un systĂšme qui paraĂźt bien plus Ă©quitable, oĂč les candidats hĂ©ritent de mentions : celui qui a Ă©tĂ© utilisĂ© par la primaire populaire de la gauche.

Le jugement majoritaire

Ce systùme s’appelle le jugement majoritaire.

L’idĂ©e est de donner des mentions Ă  chaque candidat parmi les 6 suivantes : trĂšs bien, bien, assez bien, passable, insuffisant, et Ă  rejeter.

Chaque Ă©lecteur donne une mention Ă  chacun des candidats. Ensuite, au dĂ©pouillement, on regarde quel candidat a obtenu la plus haute mention majoritaire, c’est Ă  dire qui rĂ©colte plus de 50% des voix. Par exemple, un candidat qui a obtenu au moins « assez bien » chez plus de 50% de la population gagnera contre un candidat qui a obtenu au mieux « passable » pour ces mĂȘme 50%.

En cas d’égalitĂ©, c’est Ă  dire si plusieurs candidats ont la mĂȘme mention majoritaire, on choisit le plus proche de la mention du dessus. Par exemple, un candidat qui a au moins 45% de « bien et mieux » sera prĂ©fĂ©rĂ© Ă  un candidat qui a seulement 40% de « bien et mieux », mĂȘme si les 2 ont une mention majoritaire « assez bien ». 

Ce systĂšme - mĂȘme s’il doit se doter d’une nomenclature plus sĂ©rieuse - est efficace pour contrer plusieurs des faiblesses Ă©voquĂ©es plus haut. 

D’abord, les petites candidatures ne changent pas l’issue du scrutin, car tous les candidats que l’on apprĂ©cie hĂ©riteront de mentions proches, et ne pourront pas se cannibaliser des voix.

Il n’y a aucun intĂ©rĂȘt non plus Ă  faire un vote stratĂ©gique, car mĂȘme si on note intentionnellement mal tous les candidats que l’on ne souhaite pas, ils seront en dessous de la mention majoritaire. Noter un candidat « À rejeter » ou « insuffisant » ne changera pas l’issue du scrutin si 50% des Ă©lecteurs lui ont attribuĂ© une meilleure mention.

Sur le papier, ce systÚme semble donc excellent. 

Utopie ou désillusion ?

Revenons-donc Ă  notre systĂšme d’évaluation : ce systĂšme permettrait-il de faire Ă©merger les meilleurs candidats ? C’est discutable. Dans l’idĂ©e d’avoir la meilleure mention majoritaire, il semblerait que la stratĂ©gie politique idĂ©ale soit de ne froisser personne et de dire au maximum de gens ce qu’ils veulent entendre, pour pouvoir obtenir une mention correcte chez la plupart des Ă©lecteurs. Cette stratĂ©gie Ă  un nom : la dĂ©magogie. 

Ce systĂšme rĂ©compenserait-t-il alors les candidats les plus populaires ? Oui, mais ça dĂ©pend de notre dĂ©finition de la popularitĂ©. Un candidat considĂ©rĂ© « passable » par 100% des gens semble prĂ©fĂ©rable Ă  un candidat considĂ©rĂ© « excellent » pour 49% des gens et « insuffisant » pour 51% d’autres : c’est proche du systĂšme AmĂ©ricain, oĂč les extrĂȘmes sont reprĂ©sentĂ©s dans les partis majoritaires faute d’offre politique.  

Mais un candidat qui obtiendrait 100% de “bien” serait-il prĂ©fĂ©rable Ă  un candidat qui aurait 49% de “TrĂšs bien” et 51% de “Assez bien” ?  Il y a une autre maniĂšre d’aborder la question : prĂ©fĂšre-t-on un candidat moyen dans tous les sujets ou excellent dans certains et moins bon dans d’autres ? Il semblerait que l’on vote davantage pour certains thĂšmes clĂ©s trĂšs prĂ©cis.

Dans son livre « the hard thing about hard things » Ben Horowitz diffĂ©rencie deux types de PDGs : les PDGs de guerre, quand la sociĂ©tĂ© va mal, et les PDGs de paix, quand la sociĂ©tĂ© se porte bien. Selon lui, un PDG n’est bon que dans une de ses disciplines, et personne ni aucun systĂšme n’est parfait tout le temps. L’enjeu est l’adaptation.

D’aprĂšs-moi, la politique obĂ©it aux mĂȘmes rĂšgles. La possibilitĂ© d’un systĂšme parfait et intemporel me paraĂźt philosophique plutĂŽt que mathĂ©matique. Le systĂšme idĂ©al est probablement contextuel Ă  une Ă©poque, une situation, et un point de vue.

Certains candidats dans l’histoire ont Ă©tĂ© incontestablement Ă©lus par une prĂ©fĂ©rence du public et ont menĂ© au drame. D’autres, d’abord impopulaires, sont parvenus Ă  rĂ©concilier de grandes dissensions.

Je crois que la politique est le miroir d’un peuple. Soyons beaux, et tel sera notre reflet.

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