Cette newsletter est proposée par le startup studio Pareto. Pense à t’abonner !
Tu t’apprêtes à traverser un fleuve à bord d’un camion de 15 tonnes. Deux ponts en bois mènent à l’autre côté. Un panneau, à l’entrée, fournit les informations suivantes:
Charge maximum de chaque pont: 15 tonnes.
Pont 1 - voici les notes d’école de l’architecte responsable
Mathématiques: 16
Français : 17
Histoire : 18
Physique : 16
Moyenne générale : 16,75
Pont 2 - voici les notes d’école de l’architecte responsable
Mathématiques : 20
Français : 4
Histoire : 5
Physique : 20
Moyenne générale : 12,25
Quel pont empruntes-tu ?
Mensonge #1 : les meilleurs employés n’ont pas de lacunes majeures
À l’école, on apprend très tôt qu’il faut avoir de bonnes notes dans toutes les matières. Une seule note catastrophique sur le bulletin nous vaut une visite chez le professeur principal et un mois sans sortie.
Pourtant, la société n’est pas construite pour récompenser les gens moyens partout. Picasso, Ayrton Senna, Rimbaud et Marie Curie n’étaient pas moyens partout. Ils étaient exceptionnellement compétents dans un domaine extrêmement spécifique. En fait, ils étaient les meilleurs au monde.
Il y a fort à penser que dans mon exemple, tu as opté pour traverser le pont de l’élève qui était très fort en maths et en physique. Après-tout, son niveau en Français et en Histoire t’intéresse assez peu quand ta vie est en jeu. Et la différence entre 16 et 20 en physique, c’est peut être celle qui va faire s’écrouler le pont sur sa limite de charge.
Si on juge un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre…
…il passera sa vie à croire qu'il est stupide - Einstein (probablement apocryphe). Dans le monde professionnel, on a souvent tendance à se concentrer sur les faiblesses des membres de nos équipes. On essaie de faire en sorte que chacun se forme sur ses sujets lacunaires, qui sont d’ailleurs souvent ceux pour lesquels l’appétence est la plus faible. Pourquoi les laisser continuer à se perfectionner sur les tâches qu’ils maitrisent, puisqu’ils les maitrisent déjà ?
Les meilleurs managers font l’inverse - ils s’arrangent pour que personne ne perde une seconde sur les tâches où ils sont les plus faibles. Leur objectif est d’avoir une équipe diversifiée où chacun est le meilleur dans son domaine spécifique. Dans ce cadre, le rôle du manager est poussé à son paroxysme: fournir les outils indispensables à son équipe et définir une organisation sans friction, pour que chacun puisse exploiter 100% de son potentiel.
Être proche de ses équipes
Pour pouvoir organiser les équipes de cette manière, le manager doit avoir une fine compréhension de son équipe et des appétences de chacun. Dans l’excellent ouvrage “9 lies about work” (dont ce mensonge est tiré), Marcus Buckingham et Ashley Goodall démontrent un lien empirique entre la performance d’une équipe et la réponse de ses membres à 8 questions précises - qui seront couvertes au fil des épisodes.
L’une des questions dont la réponse est la plus liée à la performance d’une équipe est la suivante: “J’ai l’opportunité de tirer profit de mes forces quotidiennement au travail”.
Plus édifiant encore, lorsqu’on retire le mot “quotidiennement” à la question, le lien entre les réponses et la performance s’évaporent. La fréquence à laquelle les collaborateurs peuvent travailler sur des tâches qu’ils aiment est un élément indispensable de leur performance (et de leur motivation).
Penses-y quand tu recrutes
Dans l’excellent “The hard things about hard things” de Ben Horowitz, l’entrepreneur relate l’anecdote du recrutement d’un directeur commercial, lorsque sa startup était à deux doigts de la faillite. Toutes les références du candidats étaient bonnes, sauf l’un de ses anciens employeurs qui lui a raconté l’histoire suivante:
“Ce mec est fou ! Quand notre business flanchait, il a menacé ses commerciaux de leur mettre une balle dans la tête s’ils n’atteignaient pas leurs objectifs !”
Ben Horowitz l’a recruté. Parce que ce qu’il a retenu de cette anecdote, c’est que le directeur commercial était prêt à tout pour arriver à ses fins, et qu’il a surpassé ses objectifs. C’était de ça dont Horowitz avait désespérément besoin quand sa boite s’apprêtait à prendre le mur.
Quand tu recrutes, choisis le meilleur candidat dans le domaine spécifique pour lequel tu le recrutes, même s’il a des lacunes majeures dans des domaines qui ne sont pas clé au succès de sa mission.
En conclusion…
Si un membre de l’équipe ne cesse de bâcler certaines tâches pour retourner à des choses qui l’intéressent davantage, le réprimander constamment n’est sans doute pas la solution. Un bon manager consacrera le temps nécessaire à identifier les sujets sur lesquels il excelle, et à organiser le reste de l’équipe pour servir aux mieux ses forces.
Essaie de comprendre si c’est un buteur, un ailier, ou un défenseur. Sinon, c’est lui qui partira.
Tout cela est bien vrai mais dificil a faire dans les (tres) petites structures
So true