Les animaux vont-ils prendre la place des enfants ? đ¶
Pets are the new kids, plants are the new pets
Merci dâavoir rĂ©pondu Ă mon questionnaire du dernier Ă©pisode đ Les nombreux commentaires et les apprentissages que jâen ai tirĂ© mâont encore motivĂ© un peu plus. Voici un condensĂ© des rĂ©ponses : la plupart dâentre vous aiment la frĂ©quence bi-mensuelle ; 42% dâentre vous se prĂȘteraient Ă lâexpĂ©rience dâun contenu audio ; 55% dâentre vous Ă©voluent dans lâunivers entrepreneurial ; la moitiĂ© dâentre-vous seraient pour davantage dâinteractions dans la communautĂ© ; et finalement, 61% dâentre vous seraient trĂšs déçus de ne plus lire Beat The Odds đ„ Jâai bien pris en compte ces retours, et je vous prĂ©pare du neuf pour la rentrĂ©e đ
Jâai rĂ©cemment lu un tweet qui mâa dâabord fait sourire avant de me plonger dans une rĂ©flexion approfondie. Celui-ci disait : âPets are the new kids, plants are the new petsâ.
MĂȘme si câest amusant Ă premiĂšre vue, ça semble intuitivement rejoindre des phĂ©nomĂšnes importants de notre siĂšcle, dont lâimpact pourrait ĂȘtre Ă©norme.
Alors jâai voulu vĂ©rifier Ă quel point cette hypothĂšse est fondĂ©e đ
Le Covid pour sauver la natalité ?
La natalité est en chute libre.
Aux USA, elle Ă©tait autour de 4 dans les annĂ©es 1950, pour tomber Ă 1,73 en 2021. Rappelons quâen dessous de 2.1, la population baisse.
LâEurope nâĂ©chappe pas Ă la rĂšgle - mĂȘme son pays le plus fĂ©cond, la France, est en dessous de 2 :
Mais le phĂ©nomĂšne nâest pas quâoccidental.
La chine perd 400 mille individus chaque annĂ©e, et sa population pourrait baisser de 600 millions dâici la fin du siĂšcle. La fertilitĂ© globale - de 2,7 aujourdâhui (boostĂ©e par les pays en voie de dĂ©veloppement) - est pressentie pour baisser jusquâĂ 1.7 en 2100.
Parmi les causes, lâurbanisation : en 1960, 1/3 des individus vivaient en ville contre 60% aujourdâhui. Les urbains ont moins dâespace, et moins besoin de main dâoeuvre.
Une autre raison majeure est le changement dâĂ©tat dâesprit des millĂ©nials (24-40 ans) et des Gen Z (18-23 ans), notamment sur les questions dâĂ©cologie et de ressources. Ceux-ci repoussent leur souhait de parentĂ© (mais aussi de mariage et dâachat immobilier), dâautant plus quâils souhaitent garder un maximum de libertĂ© professionnelle.
Le Covid, pressenti par certains comme une opportunitĂ© de âBaby boomâ, a eu lâeffet inverse : car sâil a coincĂ© des gens chez eux avec un spectre dâactivitĂ©s rĂ©duit, il a aussi endommagĂ© le sentiment de confiance en lâavenir, indispensable pour enfanter.
Ainsi lâinstitut Brooking estime Ă au moins 300 mille le nombre dâenfants qui ne sont pas nĂ©s lâannĂ©e derniĂšre aux USA, directement Ă cause du Covid.
Substitution des enfants dans le foyer ?
Il se pourrait donc quâen lâabsence de possibilitĂ© ou dâenvie de faire des enfants dans lâimmĂ©diat, les nouvelles gĂ©nĂ©rations y trouvent des substituts - car le besoin de sâoccuper dâautrui, de transcender sa personne, est ancrĂ© au fond de nous. Premiers suspects : les animaux de compagnie.
Aux Ă©tats unis, 67% des foyers possĂšdent un animal de compagnie, contre 56% en 1988 - câest une progression de 21% en 30 ans. Mais ce qui a vraiment explosĂ©, ce sont les dĂ©penses par animal et les produits et services qui y sont liĂ©s. Le marchĂ© des animaux de compagnie, estimĂ© Ă 109 milliards de dollars en 2021, serait en route pour tripler dâici 2027, jusquâĂ 358 milliards đ€Ż !
Des 67% de familles amĂ©ricaines qui possĂšdent un animal, 53% les emmĂšnent avec eux en vacances (80% de chiens). Lâindustrie du transport dâanimaux de compagnie est en croissance, en tĂ©moigne le dĂ©veloppement de lâoffre dâhĂŽtellerie Ă destination des clients canins.
Tout ceci tend bien Ă confirmer notre hypothĂšse de dĂ©part : tandis que les nouvelles gĂ©nĂ©rations font moins dâenfants ou repoussent lâĂ©chĂ©ance, elles adoptent davantage dâanimaux, et dĂ©pensent plus pour les avoir Ă leur cĂŽtĂ©s et les dorloter.
Qui prend la place des bĂȘtes ?
Si les animaux de compagnie sont traités par certains comme les nouveaux enfants, emmenés en voyage et promenés dans des poussettes spéciales, on peut se demander : qui a pris leur place dans le foyer ?
Depuis quelques annĂ©es, les discussions sur les plantes et notre rapport Ă la nature ont rĂ©Ă©mergĂ©. Si les jeunes et urbains Ă©taient particuliĂšrement acteurs de cet engouement - ceux qui font moins dâenfants et adoptent plus dâanimaux - il y a fort Ă parier quâils seraient actifs en ligne.
Jâai donc regardĂ© la croissance du forum âhouseplantsâ de reddit, pour voir si les communautĂ©s dĂ©diĂ©es au sujet frĂ©missaient. Voici le rĂ©sultat :
Le nombre dâinscrits est passĂ© de virtuellement 0 en 2013 Ă 800 mille en 2021, avec une accĂ©lĂ©ration forte depuis 2019.
Une recherche google avec des plantes plus spĂ©cifiques nous confirme cette tendance. Les amĂ©ricains dĂ©penseraient 48 milliards de dollars par an sur les plantes dâintĂ©rieur, dont 25% par les millenials.
Parmi les 6 millions dâamĂ©ricains qui ont commencĂ© le jardinage en 2016, 83% Ă©taient ĂągĂ©s entre 18 et 34 ans. Parmi les raisons Ă©voquĂ©es, on trouve le besoin de se reconnecter Ă la nature, mais aussi lâenvie de prendre soin de quelque chose.
Sâil est donc inexact de conclure que les plantes ont remplacĂ© les animaux de compagnie - car elles sont parfois un substitut imposĂ© - il est nĂ©anmoins clair quâelles viennent combler chez les jeunes un besoin de lien.
No kids, no problem ?
Quelles sont les consĂ©quences dâun dĂ©sintĂ©rĂȘt pour les enfants ?
Du point de vue utilitaire, une baisse de la main dâoeuvre et une population vieillissante mettront en pĂ©ril nos Ă©conomies. Certains rĂ©torqueront que lâautomatisation des mĂ©tiers fastidieux pourrait - si les ressources sont bien distribuĂ©es - produire autant de richesses avec moins dâefforts, et limiter cette dĂ©convenue.
Du point de vue Ă©cologique, une baisse de la natalitĂ© implique une baisse de CO2. Mais elle implique Ă©galement une baisse de cerveaux pour sâatteler Ă rĂ©soudre la question climatique đ€.
Dâun point de vue philosophique, on peut sâinterroger : alors que les thĂ©ories comme le transhumanisme prĂŽnent la vie Ă©ternelle, quâen est-il du sens vĂ©ritable de notre existence sans la transmission gĂ©nĂ©tique ?
LâhumanitĂ© pourrait-elle se satisfaire de ne pas renouveler son espĂšce de temps en temps et ignorer son pouls biologique ? Cela ne constituerait-il pas une limite dans notre capacitĂ© Ă Ă©voluer, et Ă dĂ©velopper de nouvelles idĂ©es indispensables Ă notre survie ?
Les routes Ă partir dâici sont multiples. Il est possible dâimaginer que le Covid et lâessor des technologies inverseront la tendance dâurbanisation et pousseront Ă lâexode rurale - San Francisco, Mecque de lâentrepreneuriat, a vu presque 9% de sa population sâĂ©chapper depuis 2019, inversion qui a commencĂ© avant la pandĂ©mie. Ce regain dâespace et ce lien renouĂ© avec la nature pourrait avoir un impact sur les choix de vie des jeunes gĂ©nĂ©rations.
Il est aussi possible que la population mondiale trouve une saine stabilité avant la fin du siÚcle, une fois le péril climatique maßtrisé, et que la natalité reparte à la hausse quand nous deviendrons une espÚce interplanétaire.
En attendant, prenons soin de nos proches, et de nos animaux đ€
Si ces sujets tâintĂ©ressent, nâhĂ©site pas Ă visiter le site de mon roman dystopique, GuĂ©rir la paix, dont la question du progrĂšs sous-tend le rĂ©cit. Si tu es intĂ©ressĂ© de le lire, pense Ă laisser ton email pour ĂȘtre prĂ©venu de sa publication !