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âAlors, elle en est oĂč ta boite ?â
Tu rĂ©alises que câest Ă toi quâon parle. Tes pensĂ©es se dissipent et tu lĂšves la tĂȘte de ton assiette. Tu parviens Ă former un sourire, mais personne nâest dupe. Câest par politesse quâon tâa posĂ© la question.
âĂa avance, on va signer un gros client. PĂ©riode difficile, mais ça va le faire.â
Tu ne dis pas tout. Tu ne dis pas que ton concurrent principal a fait une belle levée de fonds, et que ça pourrait compromettre certains de tes deals. Ils sont bons, ces cons.
Tu ne dis pas non plus que le banquier a appelĂ© ce matin. Ăa a un peu gueulĂ© au tĂ©lĂ©phone, mais au fond ça tâa rassurĂ©. Un banquier, câest comme un canari au fond de la mine : câest quand il sâarrĂȘte de chanter que ça va pĂ©ter.
Tu reçois des sourires. Compatissants, parfois un peu peinĂ©s, et tu crois mĂȘme apercevoir dans lâun une pointe de condescendance. Câest pas grave. Ils ne peuvent pas comprendre.
14h. Le dĂ©jeuner est terminĂ©, tu es devant les bureaux. Avant de monter, il te faut un shot dâardeur. Tu aspires une clope en 3 bouffĂ©es, la main tremblante. Il paraĂźt quâil fait froid, mais ton esprit est ailleurs. Tu montes lâescalier.
Tout le monde est lĂ . Encore des sourires, mais sincĂšres cette fois-ci. Ils ne connaissent pas tes doutes, et dâailleurs, sâils aiment le projet, câest surtout en toi quâils croient. Dans quelques annĂ©es, Ă la tĂȘte dâune entreprise florissante, tu te rappelleras de ce moment avec nostalgie. Mais elle ne va pas se construire toute seule cette boite, et personne ne va rĂ©pondre Ă cet email terrifiant Ă ta place. Personne nây croira pour toi. Alors tu tiens bon, tu tâassois et tu te mets au boulot.
Parce que le plus dur, câest pas de le faire.
Le plus dur câest dây croire.
Ă tous ceux qui sont passĂ©s par lĂ , ceux qui y sont encore, et ceux qui feront un jour le grand saut dans lâinconnu.
Si tu aimes la fiction, mon premier roman dystopique, dĂ©nommĂ© âGuĂ©rir la paixâ, sera publiĂ© dĂ©but 2021. Par ici pour lire le pitch !
Je ne commente jamais les articles de blog que je lis, je ne rĂ©ponds jamais aux newsletters et ne prends jamais le temps de noter un podcast... Je sais, câest mal et je me suis promis de changer ça. đ
Mais aprĂšs avoir lu cette newsletter qui mâa redonnĂ© suffisamment dâĂ©nergie Ă 19h30 pour attaquer un doc que je devais pondre depuis des semaines, il fallait que je vienne pour te remercier : merci pour ce texte Laodis !