La brièveté de la vie en quelques chiffres 🕰
Le temps qu'il nous reste avec nos proches, la vie en semaines, et l'importance de s'aimer soi-même
Bienvenue aux nouveaux 👋
Cet épisode est aussi disponible en podcast (5 minutes d’écoute) 🔉 !
Écoute le sur Substack, Spotify, Apple podcasts, Deezer, et lien RSS direct.
Si tu aimes ce que tu lis, pense à partager l’épisode 👇
Un été où je travaillais comme agent immobilier, j’avais eu à faire l’état des lieux de l’appartement d’un étudiant mort noyé en célébrant son diplôme de médecine. “Quel gâchis”, j’ai pensé, “j’espère qu’il n’avait pas repoussé sa vie à plus tard”.
Dans un précédent article, je traitais de l’aspect moteur que peut avoir la mort dans nos vies, d’un point de vue philosophique. Aujourd’hui, on va aborder une version concrète de ce problème. Comment rendre tangible cette idée au quotidien ?
Petits calculs
Mettons qu’un ami proche, disons de la période de tes études, t’appelle un soir d’hiver pour passer une soirée ensemble. Il fait froid, la nuit tombe tôt, tu as eu une dure journée au boulot… tu penches vers un “non” poli, du style “on se voit une prochaine fois, t’inquiètes, une bise”. Et puis tu fais les maths.
Cet ami, tu l’as vu presque tous les jours pendant 5 ans. Disons 90% des jours, pour une période étendue, soit 1642 fois. Maintenant, tu le vois de temps en temps, disons 1 à 2 fois par an. Tu as la trentaine, le plus probable c’est que tu vives au moins jusqu’à 70 ans.
Mais dans ce temps là, l’un de vous aura peut être déménagé, vos relations se seront peut être dégradées, il est même possible que l’un d’entre vous ne soit tout simplement plus là. Disons qu’en moyenne, vous vous verrez encore une vingtaine d’années.
À raison de deux rendez-vous par an, ça fait 40 événements. C’est à dire qu’au mieux, 98% des moments que tu partageras avec cette personne sont déjà passés.
De cette perspective, le choix entre regarder une série Netflix et le rejoindre est rapidement tranché.
L’investisseur Paul Graham, dans son article “Life is short” cite un autre exemple : on ne vit que 8 noëls avec un enfant. C’est peu, quel que soit notre point de comparaison. Une paire d’heures chaque année de notre enfance représente au minimum 12% du temps à déballer sincèrement les cadeaux dans nos vies. Plus d’un dixième.
Et il y a aussi toutes ces choses qu’on ne fera qu’une fois ou pas du tout. Un livre, un concert, la visite d’un pays, etc.
Quant aux proches plus âgés, comme les parents, cette perspective est d’autant plus frappante : ils ont moins de temps que nous, et nous avons passé beaucoup plus de temps avec eux qu’avec nos amis. Il est probable qu’il nous reste au mieux 1% de temps à passer avec eux.
Mathématiquement, la vie c’est peu d’événements et moins de décisions importantes qu’on ne le croit. Le temps est compté.
La vie en semaines
L’américain Tim Urban, connu pour son blog “Wait but why” , a créé un graphique dénommé “Life in weeks”, où chaque semaine de notre vie est une case sur un tableau. Il y a placé des marqueurs, comme la fin des études, la période de travail, de retraite, etc. 4680 semaines, si on vit jusqu’à 90 ans. Et rien n’est moins sûr.
Si chaque semaine était un diamant de 2mm, soit 0,05 carat, notre entière vie tiendrait dans une cuillère à café. La question demeure : que fait-on du contenu de cette cuillère ?
Pour la plupart des gens, il faut un tiers de son contenu à comprendre ce qu’on fait là, un autre tiers pour en tirer profit, et un dernier tiers pour le transmettre.
Cette carte de la vie est un outil efficace pour situer ce qui nous reste et ce qu’on ne récupérera pas. Dans ce même article, Tim mentionne la mort de personnages historiques, du club des 27 à Steve Jobs en passant par Mozart. On a déjà dépassé beaucoup de ces gens.
Et si la quête de sens passe en partie par nos relations, il ne faut pas oublier qu’on passe le plus clair de nos vies seuls.
Un jeu en solo
Life is a single player game - Naval Ravikant
Une étude américaine a mesuré avec qui on passait notre temps en moyenne.
Nos 30 premières années sont partagées entre famille, amis, et collègues, à différents degrés. Et puis très vite, toutes les courbes dégringolent à l’exception du temps passé seul, qui ne cesse d’augmenter jusqu’à la mort, et du temps passé avec notre compagnon de vie, qui reste globalement stable.
À 40 ans, le temps passé avec nos enfants est en chute libre.
À 50 ans, on est déjà à 7 heures par jour de solitude. Le temps passé avec notre famille et nos amis est faible, et les collègues sont devenus prédominants par rapport au reste. Il faut choisir judicieusement son environnement de travail, même si passé 60 ans, on ne les verra plus.
Enfin, à 70 ans, il ne reste presque plus que soi et notre partenaire de vie. Il vaut mieux aimer l’un et l’autre.
3 leçons
Nous sommes ici-bas pour une fraction de l’histoire, et c’est ce qui donne du sens à tout ce que nous apprécions.
Cette perspective a été incroyablement utile pour m’aider à faire des choix que la société considère comme risqués. Sous cet angle, “La vie est courte” n’est plus un simple adage, mais une méthode qui aide à pondérer et choisir parmi nos options. Sous cet angle, le risque de perdre son temps en trivialités est palpable. 10% de tout ce qu’on a, c’est beaucoup.
Il en ressort 3 leçons importantes :
ne refuse jamais du temps avec des proches
travaille sur ta personne, car tu es coincé avec jusqu’à ta mort
refuse catégoriquement de sacrifier trop de temps sur des choses que tu n’aimes pas faire
Ménage tes diamants.
Clair et net (juste un peu oppressant haha)
Très intéressant est toujours utile de prendre un peu de recul : j’avais lune statistiques qui disait qu’à 16 ans nous avons passé 85 % du temps de vie partager avec nos parents et réciproquement !