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AI is eating the world
Il nous aura fallu 7 jours (et peu de sommeil) pour sortir ImagineIf avec mon associé Brivael.
Il y a un mois, quand je réalise que les IAs génératives d’images permettent d’entraîner un modèle avec un visage, nous avons cet échange.
Ça nous reste au fond de l’esprit. Il y a une dizaine de jours, l’excellent solopreneur levelsio lance un service qui génère 100 photos de toi avec cette technologie, sur plusieurs thèmes. On réalise vite qu’il y a énormément de résultats défectueux, notamment sur les visages, mais il franchit malgré ça les $100k de CA en 10 jours.



On en discute brièvement, on pense qu’on peut faire mieux. On décide de le prendre comme un test de vélocité : en combien de temps peut-on avoir de meilleurs résultats ? Un premier PoC est développé en quelques heures jeudi dernier : on sort des portraits bluffants.
Contrairement à levelsio, qui est passé par un prestataire tech, Brivael développe une stack entière d’automatisation du processus de bout en bout (12 étapes d’upload, processing, génération, output d’images), pendant que j’écris plus de 400 prompts (les indications pour que l’IA nous génère des portraits) et décode les critères à 10 dimensions pour maximiser les probabilités de sortir des bons résultats, peu importe le physique de la personne en entrée. Le reste suit : site web, logo, réseaux sociaux…
Là où levelsio choisit un nom peu vendeur hors du microcosme tech (avatarAI), on préfère taper dans l’imaginaire avec ImagineIf. Imagine si tu étais une princesse, un astronaute, une héroïne de jeu vidéo, un pirate, brune…
Là où il envoie 100 photos en vrac dont certaines avec 3 bras et 1 oeil pour 40€, on choisit un pricing à partir de 15€ pour 25 photos de qualité, sans déchet - parfait pour viser le timing noël.
Aujourd’hui, on arrive à ça :
L’idée n’est pas de remplacer Snipets, mais plutôt d’en faire la fameuse “boite de céréales” d’AirBnB. Un moyen automatisé de faire du cash en restant au contact des technologies les plus disruptives d’aujourd’hui.
Peut être que cet usage retombera comme un soufflet, peut être pas. Mais s’il est possible d’arriver à ça si vite, que peut-on faire d’autre avec les IAs génératives ?
Ultracroissance
Il y a quelques mois encore, le marché se structurait. Je me souviens des vidéos où l’IA de google pensait qu’une photo d’un chat montrait un vase - cette époque est maintenant bien loin.
Dès la sortie de l’IA de texte GPT-3, l’écosystème tech a été agréablement surpris. Les usages sont nombreux et l’IA est rarement à côté de la plaque. Elle peut générer des articles, synthétiser du texte, le reformuler, le corriger dans plusieurs langues et à un prix défiant toute concurrence.
On l’a d’ailleurs intégrée à plusieurs niveaux sur Snipets : résumer des articles, nettoyer la syntaxe et la grammaire des sous-titres de segments de vidéos, suggérer des tags, etc.
D’autres produits très simples comme Lex sont devenus viraux sur twitter avec de simples fonctionnalités, comme l’autocomplétion de texte par l’IA.
Mais les images ne sont pas en reste : les IAs Dall-e et MidJourney ont déjà pris une place prépondérante dans le quotidien de tous ceux qui étaient démunis dès qu’il fallait générer des belles images pour un projet, comme pour la création de contenus vidéo. Et il existe pléthore d’autres usages.
Ces produits ont divisé le monde en deux camps : ceux qui pensent que c’est de la poudre aux yeux et ceux qui pensent que c’est le futur. Je fais partie de la seconde catégorie.
Remplaçant ou concurrent ?
À court terme, il est évident que l’IA générative va massivement aider certains métiers, y compris les créatifs.
Elle pourra aider un designer, en lui proposant des couleurs qui collent bien, des exemples pour son moodboard, en générant des variantes d’images, ou encore en lui permettant de donner ses directives à l’interface (ça existe déjà).
Elle pourra aider un développeur, en complétant son code ou en lui donnant des conseils sur sa stack.
Elle pourra aider un financier, en réduisant drastiquement son travail répétif sur excel grâce à la compréhension du contexte, en lui proposant des formules et en pré-remplissant des champs ou des onglets entiers.
Elle pourra aider un auteur, marketer ou copywriter, en lui proposant de compléter ses phrases, en lui donnant des idées, en synthétisant des passages ou en rajoutant du contexte automatiquement.
Bruce Willis a déjà donné son accord pour être représenté dans l’un de ses films par un deepfake - ce phénomène sera probablement une mauvaise nouvelle pour les stars du porno à court terme, mais une très bonne nouvelle pour tuer le “revenge porn” à long terme : il deviendra vite impossible de prouver qu’une vidéo de soi est véridique. L’excès d’offre tuera la demande.
Idem pour quiconque fait de la recherche : l’IA permet déjà d’être une source d’inspiration, comme sur cet exemple d’une autre intégration de Snipets, très utile pour de la suggestion d’idées.
Si je devais parier, je dirais que les IA génératives vont complètement remplacer la recherche google dans 5 à 10 ans, ce qui sera une bonne chose compte tenu de leur business model.
Mais après ça, quoi ?
Danger ?
Ce qu’on peut faire avec GPT-3 est bluffant, mais GPT-4 arrive l’année prochaine et est annoncé comme révolutionnaire par rapport à la version actuelle. Les progrès sont stratosphériques.
La première conséquence inévitable des IAs génératives est la disparition rapide de beaucoup d’emplois. Il sera presque impossible de justifier l’embauche d’un salarié pour des tâches répétitives, d’autant plus dans un contexte de forte imposition, plutôt que de payer un SaaS 49€/mois pour le même résultat.
Ceci rebat serieusement les cartes sur des sujets de fond, comme celui du revenu universel. J’y croyais peu il y a encore un an mais j’ai rapidement revu mon opinion.
Car ça concerne aussi les métiers manuels : les avancées de la robotique couplée au progrès des IA laissent à penser que l’entretien des villes et des ménages pourrait être entièrement robotisé d’ici 10 ans.
La seconde conséquence est le débat sur les IA fortes. Quand Elon Musk en parlait il y a quelques années, Zuckerberg se moquait de lui.
OpenIA, fondée par Sam Altman et Elon Musk, a déjà annoncé sa volonté de travailler avec ses concurrents si la probabilité de développer une IA forte, c’est à dire consciente, dépassait les 50%. Leur budget serait consacré à lutter contre son émergence.
Il est déjà possible d’avoir une conversation presque normale avec des IAs, qui ont enfin passé le fameux test de Turing : des humains ont été incapables de faire la différence entre l’IA et des pairs dans une conversation normale.
La frontière entre nos IAs et l’IA forte est un sujet de débat dans la communauté scientifique, mais elle pourrait arriver plus vite que prévu.
Selon les détracteurs de l’idée, l’impossibilité de réduire la taille des transistors (on arrive à nos limites de la physique actuelle) va mettre fin à 50 ans de la loi de Moore, qui prédisait que l’on doublerait nos capacités de calcul chaque année. Et avec ça, l’impossibilité d’arriver à un cerveau proche de celui des humains avant un futur lointain.
Selon ses défenseurs, on pourrait être plus proche que ce que l’on croit de répliquer nos schémas neuronaux.
Quoiqu’on en pense, tout est une question de probabilité, comme pour la guerre nucléaire : à partir de quel % de chances que cela arrive est-on confortable à vivre comme si de rien n’était ?
Tout cela m’amène à 3 certitudes sur cette nouvelle technologie.
3 certitudes sur l’IA
1 - L’IA est inévitable
Cet aspect est le plus important à saisir. Que l’occident décide de pousser ces initiatives ou pas, le contexte géopolitique condamne toute possibilité de revenir en arrière. Les grandes puissances n’ont jamais trouvé d’accord sur le nucléaire, qui était pourtant une menace beaucoup plus palpable.
Tout est une question de tendance et de nature humaine, à l’instar du métavers : les humains passent une quantité grandissante de leur temps sur des écrans (même s’ils n’ont jamais été aussi seuls et dépressifs, du moins en Occident), et réclament constamment plus d’immersion pour leur shot de dopamine. À moins d’un effondrement, il est peu probable que cette tendance s’inverse. Si on suit cette route, le pari de Zuckerberg est beaucoup plus censé qu’on ne le laisse entendre : soit la mort à petit feu, soit une chance de devenir la boite leader sur le hardware ET le software le plus en vogue dans 10 ans.
L’analogie est similaire pour les IAs : l’humain utilisera toujours l’outil le plus efficace pour l’aider à faire ses tâches, donc il est absolument inévitable que des efforts soient consacrés à créer des IAs de plus en plus efficaces.
Soit on reste dans le déni, soit on décide de prendre en main la technologie pour en tirer le meilleur et en éviter le pire. Cela vaut pour toutes les industries impactées : il vaut mieux avoir investi dans ce qui va nous détruire.
2 - l’IA n’en est qu’à ses débuts
Ceux qui traitent les IAs génératives de gadget sont ceux qui traitaient internet de gadget en 1995. Parier contre une technologie qui a drastiquement changé des usages en quelques mois car elle n’est pas pleinement aboutie est absurde.
Elon Musk a repris le contrôle de twitter depuis 2 semaines et certains médias hurlent déjà à l’échec cuisant, comme ils l’avaient fait aux débuts de Tesla et de SpaceX. Notre époque de l’immédiateté ne laisse aucune chance au long terme.
Si nous sommes capables de générer des portraits aussi bluffants avec ImagineIf avec une techno qui a quelques mois, il est fort probable qu’une industrie entière de la photographie et de la mode se développe dans les prochaines années : 100 photos d’un mannequin sous tous les angles et une infinité de tenues, maquillages et looks s’ouvrent à nous. Bientôt en 3D, dans les films, puis sous forme robotisée… et un jour WestWorld est le nouveau Disneyland.
Bonne chose ? Pas sûr.
3 - l’IA soulève des sujets de fond
Après internet et le téléphone mobile, l’IA est la prochaine révolution qui va restructurer toutes les industries. J’ai déjà parlé du revenu universel, mais beaucoup d’autres sujets sont brûlants, comme celui sur la médecine (y compris les travaux sur la génétique), l’alimentation et l’énergie. La probabilité que des technologies pour lutter contre le réchauffement climatique émergent augmente rapidement.
L’autre sujet majeur est l’un des socles de la SF : la question de la conscience. Si une IA est capable de répliquer à la perfection un humain, physiquement et dans la conversation, comment être sûrs qu’elle n’a pas développé d’émotions ? Quelles sont les limites à son traitement et à son usage ?
Ce marché est en pleine effervescence, que je n’avais pas connu depuis l’énergie qui animait l’écosystème de la blockchain en 2017 puis 2021. Mais contrairement à la blockchain qui tarde à s’imposer dans nos quotidiens, les cas d’usage de l’IA sont déjà là, devant nous, et je m’en sers tous les jours.
Certains épisodes de Black Mirror seront des documentaires dans 10 ans : la nature humaine va être sérieusement secouée au 21e siècle.
En 2100, si on n’est pas dans Mad Max, on sera soit chez Asimov, soit dans Terminator.
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